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Par Aloysia* le 26 Mars 2007 à 12:00Il y a un poème de Rimbaud que j'adore. Tiré de l'Album Zutique (écrit dans ses délires avec Paul Verlaine), il s'intitule "Jeune goinfre", et ce qui me plaît surtout, ce sont ces vers de deux syllabes dont il est formé, que Rimbaud réussit non seulement à faire rimer, mais même à assembler en un sonnet !
Arthur Rimbaud, vu par Paul Verlaine,
à l'époque même où est né ce poème
Jeune Goinfre
Casquette
De moire,
Quéquette
D’ivoire,
Toilette
Très noire,
Paul guette
L’armoire,
Projette
Languette
Sur poire,
S’apprête,
Baguette,
Et foire.
Arthur Rimbaud
Album zutique
C'est très vivant, c'est tordant... Seule chose étrange : toutes les rimes sont féminines. Est-ce voulu, est-ce un hasard de l'inspiration ? Je penche plutôt pour la seconde solution.
Alors, puisque d'aucuns s'attellent aux exercices "à contrainte", je me suis amusée à pasticher Rimbaud ; en choisissant bien sûr des rimes "faciles", mais qui cette fois alternent.
Et voici mon oeuvre... (ornée il est vrai d'un titre moins comique et plus allusif !)
Écri-errances
Hortense
Écrit,
Mûrit,
Se tance.
Immense
Dépit :
C’est pis
Que rance.
Un cri !
L'esprit
S'élance ;
Tu ris,
Relis,
Et danses...
L'écrivain.
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Par Aloysia* le 9 Novembre 2010 à 12:00
Il était là
Il s'est enfui
Fantôme
Présence
Entre deux portesIl a surgi
Est reparti
Le mot
Ami
Ennemi
Qui éclate d'un rire
Désespérant
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Par Aloysia* le 30 Mai 2011 à 12:00
Voici un sonnet déjà publié ici, mais qui était un peu englouti et que je remets au goût du jour puisqu'il s'accorde parfaitement avec ma dédicace qui a été un beau moment de communication avec les autres.Hortense
Écrit,
Mûrit,
Se tance.
Immense
Dépit :
C’est pis
Que rance.
Un cri !
L'esprit
S'élance ;
Tu ris,
Relis,Et danses...Dédicace Centre Leclerc d'Issoudun - 28 mai 2011
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Par Aloysia* le 11 Septembre 2011 à 12:00
Voici l’heure de lire
Le moment de sourire
Le moment des délires
L’heure où l’âme respire
Et où le cœur soupire…Voici l’heure du conte
L’heure où l’histoire monte
A pas de loup sans honte
Sans crainte de la tonte
Que l'agnelet raconte…Voici l’heure des livres
L’heure où il fait bon vivre
En goûtant un peu ivre
Un rêve qui délivre
Et qu’on voudrait poursuivre…Pour accompagner ce poème :
"Les Entretiens de la Belle et de la Bête", extrait de
Ma Mère l'Oye de Maurice Ravel.
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Par Aloysia* le 18 Octobre 2011 à 12:00
En hommage à Russalka et à Sabine, merveilleuses conteuses, je reprends ici un poème écrit il y a quelque temps - car on ne peut être toujours inspiré ! Il faut parfois reprendre des œuvres anciennes dans les tiroirs...A l'époque j'avais accompagné une classe d'élèves de sixième jusqu'à la médiathèque de la ville, afin d'entendre notre bibliothécaire jeunesse qui avait suivi la formation de conteuse offerte par le CLIO (Conservatoire Contemporain de Littérature Orale, installé en Loir-et-Cher).
Bruno de la Salle, fondateur du CLIO
Elle était devenue spécialiste du genre et avait même aménagé une petite salle à cet effet : entièrement moquettée cette pièce présentait un carré en creux dans le sol, de telle sorte que tout le monde s'asseyait sur la petite marche, avec elle. En l'occurrence nous étions bien trop nombreux (deux classes et quatre accompagnatrices) si bien que les enfants avaient été invités à s'asseoir à même le sol, au centre du cercle.Elle m'avait bluffée, par la technique passionnante qu'elle avait acquise : en effet, dans sa manière de faire, un conte ne se résume pas à un "récit", c'est surtout une prestation orale qui s'apparente au théâtre et presque à la musique - sans le chant, mais avec le rythme.
"Conter", c'est d'abord se camper en tant que personnage ; elle démarrait à la première personne et affirmait rapporter ce qu'elle avait ouï dire - sur le ton bien sûr de la confidence, en se penchant et en parlant bas : "Oui, moi qui... je peux vous dire que..." etc. Et elle terminait surtout ainsi, sur de grands sous-entendus ramenant à la réalité présente : "... et il court toujours !"
Ensuite, conter, c'est introduire une dimension féérique au moyen de sortes de refrains, d'onomatopées, de petits mots magiques qui reviennent régulièrement, souvent dénués de sens précis mais accompagnés d'un rythme spécifique très rapide ("Et tap, et tap, et tap", ou "et j'me dépêche , et j'me dépêche"...) dans un langage simple mais toujours joli et évocateur, qui petit à petit entraîne l'auditeur dans une bulle de rêve.
Enfin, dernière technique très sensible, associer l'auditoire au récit : "... et alors, que pensez-vous qu'elle fit ... ?" La voix reste en suspens, le regard interroge les assistants bouche-bée ; et la conteuse ne reprend qu'après avoir recueilli la supposition hésitante d'un gamin. Sauf que dans le conte apparaissent des répétitions : la même situation se reproduit plusieurs fois... si bien que la question : "... et alors ? " devient si évidente que cette fois c'est la salle en choeur qui répond ce que fit la jeune héroïne. Hélas ! Au moment même où tout le monde est sûr de la réponse, c'est là que : "Ben non...", fait la conteuse sur un ton désolé ; c'est là que ça se passe autrement...
C'est en revenant de cette belle prestation que j'ai écrit ce poème en septembre 2006.
Image empruntée au site de la Communauté de communes de Podensac
Quand le conte raconte...
Le rêve du poète
Ce sont ces feuilles mortes,
Et toutes ces étoiles,
Tous ces nuages
En couleurs dans sa tête
Un peu comme un appel
Du ciel taché d'ouate,
Un peu comme une écharpe
Qui vole au vent
Un peu comme la chanson
Du matelot qui part
En traversant les houles,
Sur l’écume des flots.Le rêve du conteur
C’est un pays tout blanc
Un pays de chimère
Aux araignées gourmandes,
Aux sorcières déchues,
Où vient le bon Génie
Jouer du tambourin
Sur l’arrière-train des singes
Envolés dans les arbres ;
Ce sont des enfants-rois
Qui écoutent ravis
L’histoire d’une servante
Plus forte qu’une armée !Quand le conte raconte
Le poète s’endort :
Tout devient plus aisé
Dans un nid de papier.
Tu souris au pommier
Que tes pas ont trouvé,
Et dans le vieux chaudron
T’attend le Fils du Roi !
Raconte-m’en toujours,
Je ne veux plus grandir…
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