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        Il y a un poème de Rimbaud que j'adore. Tiré de l'Album Zutique (écrit dans ses délires avec Paul Verlaine), il s'intitule "Jeune goinfre", et ce qui me plaît surtout, ce sont ces vers de deux syllabes dont il est formé, que Rimbaud réussit non seulement à faire rimer, mais même à assembler en un sonnet !

    Rimbaud vu par Verlaine

    Arthur Rimbaud, vu par Paul Verlaine,
    à l'époque même où est né ce poème
     
     

    Jeune Goinfre

    Casquette
    De moire,
    Quéquette
    D’ivoire,

    Toilette
    Très noire,
    Paul guette
    L’armoire,

    Projette
    Languette
    Sur poire,

    S’apprête,
    Baguette,
    Et foire.

    Arthur Rimbaud
    Album zutique

        C'est très vivant, c'est tordant... Seule chose étrange : toutes les rimes sont féminines. Est-ce voulu, est-ce un hasard de l'inspiration ? Je penche plutôt pour la seconde solution.

    Rimbaud par Fantin-Latour
    Arthur Rimbaud, par Fantin-Latour ("Un coin de table")


        Alors, puisque d'aucuns s'attellent aux exercices "à contrainte", je me suis amusée à pasticher Rimbaud ; en choisissant bien sûr des rimes "faciles", mais qui cette fois alternent.
        Et voici mon oeuvre... (ornée il est vrai d'un titre moins comique et plus allusif !)


    Écri-errances


    Hortense
    Écrit,
    Mûrit,
    Se tance.

    Immense
    Dépit :
    C’est pis
    Que rance.

    Un cri !
    L'esprit
    S'élance ;

    Tu ris,
    Relis,
    Et danses...


    L'écrivain.
     
     

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    fuite

     

     

    Il était là
    Il s'est enfui
    Fantôme
    Présence
    Entre deux portes

     

    Il a surgi
    Est reparti
    Le mot
    Ami
    Ennemi
    Qui éclate d'un rire
    Désespérant

     

    souris.jpg

     

     

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  •     Voici un sonnet déjà publié ici, mais qui était un peu englouti et que je remets au goût du jour puisqu'il s'accorde parfaitement avec ma dédicace qui a été un beau moment de communication avec les autres.

     

    Hortense
    Écrit,
    Mûrit,
    Se tance.

    Immense
    Dépit :
    C’est pis
    Que rance.

    Un cri !
    L'esprit
    S'élance ;

    Tu ris,
    Relis,
    Et danses...

     

     

    Dedicace-280511.jpg

    Dédicace Centre Leclerc d'Issoudun - 28 mai 2011

     
     

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    heureduconte1.jpg

     

     

    Voici l’heure de lire
    Le moment de sourire
    Le moment des délires
    L’heure où l’âme respire
    Et où le cœur soupire…

     

    Voici l’heure du conte
    L’heure où l’histoire monte
    A pas de loup sans honte
    Sans crainte de la tonte
    Que l'agnelet raconte…

     

    Voici l’heure des livres
    L’heure où il fait bon vivre
    En goûtant un peu ivre
    Un rêve qui délivre
    Et qu’on voudrait poursuivre…

     

     

    Pour accompagner ce poème :
    "Les Entretiens de la Belle et de la Bête", extrait de

    Ma Mère l'Oye de Maurice Ravel.

     

     

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  •      En hommage à Russalka et à Sabine, merveilleuses conteuses, je reprends ici un poème écrit il y a quelque temps - car on ne peut être toujours inspiré ! Il faut parfois reprendre des œuvres anciennes dans les tiroirs...

       A l'époque j'avais accompagné une classe d'élèves de sixième jusqu'à la médiathèque de la ville, afin d'entendre notre bibliothécaire jeunesse qui avait suivi la formation de conteuse offerte par le CLIO (Conservatoire Contemporain de Littérature Orale, installé en Loir-et-Cher).

    Bruno-deLaSalle.jpgBruno de la Salle, fondateur du CLIO

     
       Elle était devenue spécialiste du genre et avait même aménagé une petite salle à cet effet : entièrement moquettée cette pièce présentait un carré en creux dans le sol, de telle sorte que tout le monde s'asseyait sur la petite marche, avec elle. En l'occurrence nous étions bien trop nombreux (deux classes et quatre accompagnatrices) si bien que les enfants avaient été invités à s'asseoir à même le sol, au centre du cercle.

        Elle m'avait bluffée, par la technique passionnante qu'elle avait acquise : en effet, dans sa manière de faire, un conte ne se résume pas à un "récit", c'est surtout une prestation orale qui s'apparente au théâtre et presque à la musique - sans le chant, mais avec le rythme.

        "Conter", c'est d'abord se camper en tant que personnage ; elle démarrait à la première personne et affirmait rapporter ce qu'elle avait ouï dire - sur le ton bien sûr de la confidence, en se penchant et en parlant bas : "Oui, moi qui... je peux vous dire que..." etc. Et elle terminait surtout ainsi, sur de grands sous-entendus ramenant à la réalité présente : "... et il court toujours !"

         Ensuite, conter, c'est introduire une dimension féérique au moyen de sortes de refrains, d'onomatopées, de petits mots magiques qui reviennent régulièrement, souvent dénués de sens précis mais accompagnés d'un rythme spécifique très rapide ("Et tap, et tap, et tap", ou "et j'me dépêche , et j'me dépêche"...) dans un langage simple mais toujours joli et évocateur, qui petit à petit entraîne l'auditeur dans une bulle de rêve.

         Enfin, dernière technique très sensible, associer l'auditoire au récit : "... et alors, que pensez-vous qu'elle fit ... ?" La voix reste en suspens, le regard interroge les assistants bouche-bée ; et la conteuse ne reprend qu'après avoir recueilli la supposition hésitante d'un gamin. Sauf que dans le conte apparaissent des répétitions : la même situation se reproduit plusieurs fois... si bien que la question : "... et alors ? " devient si évidente que cette fois c'est la salle en choeur qui répond ce que fit la jeune héroïne. Hélas ! Au moment même où tout le monde est sûr de la réponse, c'est là que : "Ben non...", fait la conteuse sur un ton désolé ; c'est là que ça se passe autrement...

        C'est en revenant de cette belle prestation que j'ai écrit ce poème en septembre 2006.

     

    conteuse.jpg

    Image empruntée au site de la Communauté de communes de Podensac

     

    Quand le conte raconte... 

     

    Le rêve du poète
    Ce sont ces feuilles mortes,
    Et toutes ces étoiles,
    Tous ces nuages
    En couleurs dans sa tête
    Un peu comme un appel
    Du ciel taché d'ouate,
    Un peu comme une écharpe
    Qui vole au vent
    Un peu comme la chanson
    Du matelot qui part
    En traversant les houles,
    Sur l’écume des flots.

     

    Le rêve du conteur
    C’est un pays tout blanc
    Un pays de chimère
    Aux araignées gourmandes,
    Aux sorcières déchues,
    Où vient le bon Génie
    Jouer du tambourin
    Sur l’arrière-train des singes
    Envolés dans les arbres ;
    Ce sont des enfants-rois
    Qui écoutent ravis
    L’histoire d’une servante
    Plus forte qu’une armée !

     

    Quand le conte raconte
    Le poète s’endort :
    Tout devient plus aisé
    Dans un nid de papier.
    Tu souris au pommier
    Que tes pas ont trouvé,
    Et dans le vieux chaudron
    T’attend le Fils du Roi !
    Raconte-m’en toujours,
    Je ne veux plus grandir…

     

     

        Arbre-fruitier.gif            sorciere.gif

     

     

     

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