•  

    Froidure

     

    Le temps a fermé sa coquille
    Coque de flamme coque de nuit
    Les neiges étincellent aux glaciers inconnus
    Mais ici tout est gris
     

    Froidure

     
    Les brumes accrochées aux doigts givrés des arbres
    Les oiseaux les ignorent
    Mais la terre est gelée
    Si dure sous nos pas
    Muette sous la glace qui la maintient raidie
    Dans la chappe du froid
     

    Froidure


    La rivière s’endort
    Engourdie et rêveuse
    Mais le vent siffle aux oreilles
    Rougissant les pommettes
    Incisif agressif malgré bonnets et gants
    Il faut s’emmitoufler resserrer son écharpe 
     

    Froidure


    O l’appel du sommeil au giron des ténèbres
    Février qui enfièvres
    Tu nous enserres tous de tes bras de brouillard
    Je rêve chaque nuit du soleil de l’été
    Et je cherche une grotte encaissée sous la neige
    Où reposer en paix
    Jusqu’au prochain printemps

    Froidure

      
     

    1 commentaire
  •  

          Hier soir il neigeait... J'ai écrit ce poème.

        

    Neige tardive

     
     
     
    Il neige
    À petit bruit
    Grésillement diffus
    Dans le soir qui descend
    Il neige
    À lents flocons
    Que la brume épaissie
    Avale peu à peu
    Tout s’efface et blanchit
    Mouillé
    Transi
    Giclez flocons gifleurs
    À l’arrivée au sol
    Nous voulons le printemps
    Nous voulons la douceur
    Pas votre froide étreinte
    Pas vos mains grelottantes
    Le pigeon roucoulait
    L’alouette chantait
    La jonquille essayait de montrer son museau
    Mais l’hiver est tenace
    On l’a trop applaudi
    Il nous donne son bis
    Une bise fugace

     


         Mais ce matin voici ce que nous découvrons : 
     

    Neige tardive sur Issoudun

     

    Neige tardive

     

    Neige tardive


    1 commentaire
  •  

    Un après-midi à la campagne


    Au long de la rivière au flot vert et tranquille

    Nous marchons paresseusement ;
    Les lilas blancs et mauves déclinent peu à peu ;
    Le chien va gambadant,
    puis s'arrête à flairer un parfum entêtant.

    Et ploc ! Une grenouille a sauté dans les eaux.
    J'écarquille les yeux ; rien n'y fait, plus un bruit,
    La coquine est cachée ne laissant apparaître
    Qu'un cercle à la surface.



    Un après-midi à la campagne


    Les canetons rangés en formation parfaite
    Vont suivant leur maman ;
    Stylés, obéissants,
    ils foncent aux abris dès qu'elle crie l'alerte :
    "Cancancancancancan !!! Chien blanc à l'horizon !"
    Pfouit ! Disparus, plus rien...
    Et pourtant ce matin il lui en manquait trois...


    Un après-midi à la campagne

     
    Comme un îlot perché sur un champ labouré,
    La cabane s'effondre avec quelques carcasses...
    Sur ce beau tronc de bois, que j'aimerais m'asseoir !
    Mais il dort sous les saules entre les joncs dressés,
    Cible de deux enfants s'amusant à pêcher.


    Un après-midi à la campagne


    C'est un après-midi de mai à la campagne ;
    Et pourtant les corbeaux croassent sur les cimes
    De ces hauts peupliers : à croire qu'eux aussi
    Nourrissent leurs petits et aiment leurs compagnes...


    En accompagnement, cette charmante musique de Jean-Michel Damase,
    compositeur et pianiste français né en 1928.

     

     
     

    Sonate pour 2 pianos ; 1er mouvement : allegro,
    avec Jean-Michel Damase et Michèle-Elise Quérard aux pianos
    (enregistrement Erato ; éditions Salabert)
     

    1 commentaire
  •  
     
    Riviere-forcee-juil06.jpg

     

    Un chemin de feuillages
    dans un lit de verdure
    où les fées vont glissant
    comme des libellules
    La rivière est trop calme
    en cet été qui dort

     

    Bambous-riviere-forcee.jpg

     

    Au saut d'une grenouille
    les gardons disparaissent
    Et le rideau touffu
    des bambous silencieux
    ouvre à nos yeux avides
    un antre de fraîcheur

     

    La rivière en été

     

    Tu marches dans les eaux
    entre coquelicots
    et chardons fatigués



    promenade coquelicots          promenade_chardons.jpg

     
    Au loin quelques moutons
    devisent en bêlant
    avec leur camarade
    la petite poule rousse

     

    La rivière en été

     

    Le ciel plombé d'argent
    réfléchit longuement
    au désordre estival
    Négligence des hommes
    L'hiver lui nettoie tout

     

    La rivière en été

     

     

    En illustration sonore :
    Symphonie du ruisseau, de Pierre Lescaut,
    un compositeur québécois (éd. De Mortagne)
    extrait de : "la Source des monts"

     

        Note : Voir la réaction de l'auteur en commentaire, et ses compositions en vidéo sur youtube ici.
     
     
     
     

    1 commentaire

  •          Je reviens d'un séjour près d'Embrun, auprès du lac de Serre-Ponçon dans les Hautes Alpes. Au risque d'en faire sourire certains, je n'étais encore jamais allée par là - de même qu'en bien d'autres endroits de France encore ! La France est si belle que je crois que je n'aurai pas tort de m'y cantonner désormais jusqu'au restant de mes jours... Quel émerveillement !
        J'en ai rapporté un poème, écrit lors d'une randonnée dans un superbe alpage à 2000 mètres d'altitude, près de la station des Orres, qui s'appelle "le Grand Vallon".


    Le Grand Vallon
    (Pâturages vers le Grand Vallon - cliquez pour agrandir)

     

    Monter

    Et sentir les cailloux qui roulent sous les pieds
    Monter
    Et sentir le soleil qui brûle sur la peau
    Et le vent qui se fait et plus frais et plus pur
    Voir sur le sol herbu des papillons qui sautent et des criquets et des grillons
    Monter par les alpages
    Le long du frais torrent qui caresse les pierres
    Et qui rit en glissant
    Et qui rit en sautant
    Et qui gazouille comme un oiseau du printemps
     
     

    Le Grand Vallon
    (Le torrent des alpages - cliquez pour agrandir)

     


    Monter dans les forêts à l’ombre bienfaisante
    Et voir se raréfier les arbres peu à peu
    Entre les pans abrupts aux failles redoutables
    Découvrir le vallon creusé entre les monts
    Généreusement ouvert entre les pics altiers
     

    Le Grand Vallon
    (La route menant à la chapelle Saint-Pierre - cliquez pour agrandir)


     
    Monter vers la lumière
    Monter vers la splendeur des rocs qui étincellent
    Où l’on croit voir la neige et d’où les eaux dévalent
    Minces filets d’argent sur les sombres arêtes
    S’asseoir dans un repli quand le cœur bat trop vite
    Et sentir sur ses joues l’air glacé qui ranime
    Parmi la mousse et les gentianes mauves
     

    Le Grand Vallon
    (Coucou ! - cliquez pour agrandir)


     
    Monter vers les chamois les mouflons qui se cachent
    Jusqu’à l’humble cabane avec son auge en bois
    Dans l’encorbellement d’un petit paradis
    Où le berger demeure tout l’été
    Boire l’eau à la source
    Étourdi éperdu de ne pouvoir aller plus loin
     

    Le Grand Vallon
    (La cabane du berger - cliquez pour agrandir)


    (Le Grand Vallon - cliquez pour agrandir)
     

    Et puis

    Redescendre
    Ayant trouvé ici des montagnards en camionnette
    Debout sur la plate-forme arrière
    Tressautant dans les cahots cramponné à la rambarde
    Caressé par les branches et sondant les précipices
    Les entendre relever les clôtures à réparer
    Redévaler les pentes en riant au soleil
    Et retrouver plus bas la chapelle secrète
    Où prient les randonneurs

     

    Le Grand Vallon
    (Descente de la camionnette vers le villages des Orres - cliquez pour agrandir)


     
    Et revenir
    Ivre du vent des cimes et de lumière d’or
    Imprimée sur le front
    Descendre vers le lac aux rondeurs de turquoise
    Descendre en serpentant la route des cyclistes
    Descendre en ressentant
    Le bonheur d’exister
    Sur une terre plus belle encore
    Que le ciel

     

    Le Grand Vallon
    (Le lac de Serre-Ponçon vu de la route des Orres - cliquez pour agrandir)

     

     

    1 commentaire