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Par Aloysia* le 5 Février 2006 à 12:00Le temps a fermé sa coquille
Coque de flamme coque de nuit
Les neiges étincellent aux glaciers inconnus
Mais ici tout est grisLes brumes accrochées aux doigts givrés des arbres
Les oiseaux les ignorent
Mais la terre est gelée
Si dure sous nos pas
Muette sous la glace qui la maintient raidie
Dans la chappe du froid
La rivière s’endort
Engourdie et rêveuse
Mais le vent siffle aux oreilles
Rougissant les pommettes
Incisif agressif malgré bonnets et gants
Il faut s’emmitoufler resserrer son écharpe
O l’appel du sommeil au giron des ténèbres
Février qui enfièvres
Tu nous enserres tous de tes bras de brouillard
Je rêve chaque nuit du soleil de l’été
Et je cherche une grotte encaissée sous la neige
Où reposer en paix
Jusqu’au prochain printemps
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Par Aloysia* le 5 Mars 2006 à 12:00
Hier soir il neigeait... J'ai écrit ce poème.
Il neige
À petit bruit
Grésillement diffus
Dans le soir qui descend
Il neige
À lents flocons
Que la brume épaissie
Avale peu à peu
Tout s’efface et blanchit
Mouillé
Transi
Giclez flocons gifleurs
À l’arrivée au sol
Nous voulons le printemps
Nous voulons la douceur
Pas votre froide étreinte
Pas vos mains grelottantes
Le pigeon roucoulait
L’alouette chantait
La jonquille essayait de montrer son museau
Mais l’hiver est tenace
On l’a trop applaudi
Il nous donne son bis
Une bise fugace
Mais ce matin voici ce que nous découvrons :
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Par Aloysia* le 14 Mai 2006 à 12:00
Au long de la rivière au flot vert et tranquille
Nous marchons paresseusement ;
Les lilas blancs et mauves déclinent peu à peu ;
Le chien va gambadant,
puis s'arrête à flairer un parfum entêtant.
Et ploc ! Une grenouille a sauté dans les eaux.
J'écarquille les yeux ; rien n'y fait, plus un bruit,
La coquine est cachée ne laissant apparaître
Qu'un cercle à la surface.
Les canetons rangés en formation parfaite
Vont suivant leur maman ;
Stylés, obéissants,
ils foncent aux abris dès qu'elle crie l'alerte :
"Cancancancancancan !!! Chien blanc à l'horizon !"
Pfouit ! Disparus, plus rien...
Et pourtant ce matin il lui en manquait trois...
Comme un îlot perché sur un champ labouré,
La cabane s'effondre avec quelques carcasses...
Sur ce beau tronc de bois, que j'aimerais m'asseoir !
Mais il dort sous les saules entre les joncs dressés,
Cible de deux enfants s'amusant à pêcher.
C'est un après-midi de mai à la campagne ;
Et pourtant les corbeaux croassent sur les cimes
De ces hauts peupliers : à croire qu'eux aussi
Nourrissent leurs petits et aiment leurs compagnes...
En accompagnement, cette charmante musique de Jean-Michel Damase,
compositeur et pianiste français né en 1928.
avec Jean-Michel Damase et Michèle-Elise Quérard aux pianos
(enregistrement Erato ; éditions Salabert)
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Par Aloysia* le 31 Juillet 2006 à 12:00Un chemin de feuillages
dans un lit de verdure
où les fées vont glissant
comme des libellules
La rivière est trop calme
en cet été qui dortAu saut d'une grenouille
les gardons disparaissent
Et le rideau touffu
des bambous silencieux
ouvre à nos yeux avides
un antre de fraîcheurTu marches dans les eaux
entre coquelicots
et chardons fatigués
Au loin quelques moutons
devisent en bêlant
avec leur camarade
la petite poule rousseLe ciel plombé d'argent
réfléchit longuement
au désordre estival
Négligence des hommes
L'hiver lui nettoie toutEn illustration sonore :
Symphonie du ruisseau, de Pierre Lescaut,
un compositeur québécois (éd. De Mortagne)
extrait de : "la Source des monts"
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Par Aloysia* le 15 Août 2006 à 12:00
Je reviens d'un séjour près d'Embrun, auprès du lac de Serre-Ponçon dans les Hautes Alpes. Au risque d'en faire sourire certains, je n'étais encore jamais allée par là - de même qu'en bien d'autres endroits de France encore ! La France est si belle que je crois que je n'aurai pas tort de m'y cantonner désormais jusqu'au restant de mes jours... Quel émerveillement !
J'en ai rapporté un poème, écrit lors d'une randonnée dans un superbe alpage à 2000 mètres d'altitude, près de la station des Orres, qui s'appelle "le Grand Vallon".
Monter
Et sentir les cailloux qui roulent sous les pieds
Monter
Et sentir le soleil qui brûle sur la peau
Et le vent qui se fait et plus frais et plus pur
Voir sur le sol herbu des papillons qui sautent et des criquets et des grillons
Monter par les alpages
Le long du frais torrent qui caresse les pierres
Et qui rit en glissant
Et qui rit en sautant
Et qui gazouille comme un oiseau du printemps
Monter dans les forêts à l’ombre bienfaisante
Et voir se raréfier les arbres peu à peu
Entre les pans abrupts aux failles redoutables
Découvrir le vallon creusé entre les monts
Généreusement ouvert entre les pics altiers
Monter vers la lumière
Monter vers la splendeur des rocs qui étincellent
Où l’on croit voir la neige et d’où les eaux dévalent
Minces filets d’argent sur les sombres arêtes
S’asseoir dans un repli quand le cœur bat trop vite
Et sentir sur ses joues l’air glacé qui ranime
Parmi la mousse et les gentianes mauves
Monter vers les chamois les mouflons qui se cachent
Jusqu’à l’humble cabane avec son auge en bois
Dans l’encorbellement d’un petit paradis
Où le berger demeure tout l’été
Boire l’eau à la source
Étourdi éperdu de ne pouvoir aller plus loin
(Le Grand Vallon - cliquez pour agrandir)
Et puis
Redescendre
Ayant trouvé ici des montagnards en camionnette
Debout sur la plate-forme arrière
Tressautant dans les cahots cramponné à la rambarde
Caressé par les branches et sondant les précipices
Les entendre relever les clôtures à réparer
Redévaler les pentes en riant au soleil
Et retrouver plus bas la chapelle secrète
Où prient les randonneursEt revenir
Ivre du vent des cimes et de lumière d’or
Imprimée sur le front
Descendre vers le lac aux rondeurs de turquoise
Descendre en serpentant la route des cyclistes
Descendre en ressentant
Le bonheur d’exister
Sur une terre plus belle encore
Que le ciel
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