• Il faut cultiver notre jardin
    (Page titre de la première édition)

     

    « Il faut cultiver notre jardin »,
    disait Candide à la fin du conte de Voltaire.

          Lorsque j'étais élève de  lycée, c'est une des citations que notre enseignante nous avait fait noter en priorité sur notre agenda personnel, en guise de viatique. Elle ironisait un peu en nous la dictant,  mais aujourd'hui je pense que c'est peut-être la chose la plus importante que j'aie noté dans ma vie. À l'heure actuelle, avec cette accélération exponentielle de la société de consommation, je dois dire qu’elle m’apparaît comme une des leçons les plus utiles que j’aie reçues. 
     
           Car le pauvre Candide souffre tant, endure tant d’épreuves, que rien ne peut nous arriver de pire qu’à lui, même si la société d’aujourd’hui a changé ; or la solution qu’il adopte à la fin est toujours valable aujourd’hui... à condition bien sûr d’avoir un petit jardin, ce dont je remercie le ciel, puisque je l’ai enfin depuis cette année !
        (Gravure accompagnant l'une des premières éditions de Candide)
     
     
        Lorsque tout va mal, que je me suis battue avec la voiture, l’ordinateur, le téléphone portable, la circulation, le compte en banque, le boulot ingérable, les appareils qui ne fonctionnent plus… à en perdre le sommeil, une seule chose peut me remettre sur les rails : m’occuper un peu de mes arbres, de mes fleurs. Cela dit, si je n’en avais pas, cela pourrait être remplacé par une marche dans la nature ! Mais c’est un peu plus difficile : il faut en avoir le temps, en trouver l’endroit.

        « Cultiver notre jardin », cela peut se comprendre de multiples manières, et c’est là le génie du philosophe.

    Tout d’abord on pourrait comprendre : « s’occuper de ses oignons » ; car à vouloir se heurter à la société on est parfois si échaudé que l’on se dit (en d’autres termes) : « Vivons heureux, vivons caché ». C’est une première interprétation.

    Ensuite, cela pourrait vouloir dire :  « Il faut cultiver ses propres potentialités », au sens de son jardin intérieur ; et là, au fond, c’est la solution offerte à ceux qui vivent en ville, dans des appartements : pour se ressourcer, ils vont s’asseoir à une table à la lueur d’une lampe, et ils vont écrire… de la poésie, du roman, des pensées, qu’importe ! Ou bien, ils vont jouer d'un instrument de musique, ou encore ils vont danser, faire de la poterie, peindre ou dessiner au fusain… Ils cultiveront ce qu’ils ont en eux, leur jardin secret. C’est une seconde interprétation.

    Mais enfin, il y a l’interprétation au sens littéral, de s’occuper de la Terre. Aujourd’hui, pourquoi sommes-nous si mal ? Parce que la planète va mal !

              Et que pouvons-nous donc faire de mieux, sinon nous occuper d’Elle ?
     
            Or lorsque nous nous occupons de ce qui ne rapporte rien – de nos potentialités profondes, de la Nature en nous - , nous nous occupons d’Elle aussi.
     
          Bien sûr, répartiront certains, Voltaire avait mis ces mots dans la bouche de Candide à titre de boutade, simplement, pour montrer à quel point il était « optimiste » (puisque c’est le sujet du Conte), et savait se trouver des travaux utiles jusque dans les pires situations.
     
         Mais pour moi, Voltaire reste un écologiste avant la lettre, car il rappelle, avec son ironie habituelle, que notre ancrage se situe dans la planète, qui nous porte et qui nous nourrit.   


            Je lui rends aujourd’hui hommage.

     

    Il faut cultiver notre jardin

     

     

     


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        J'avais oublié la magie de Pâques.
        On pense trop "cloches" et puis "lapins".
        On pense trop "œufs et "chocolats".
        On pense "coucous" et "pâquerettes", et gai soleil et vent léger...

        Alors que Pâques est un travail en profondeur, une puissante alchimie qui agit en nous-mêmes comme dans la terre, une fois pas an.
        Cette année, c'est bizarre : elle est tombée le 23 mars ; le surlendemain de la Pleine Lune du Bélier, jour de force où les puissances masculines s'allient aux puissances féminines, où les puissances du Mal s'opposent aux puissances du Bien, où s'équilibre la pulsion vers la vie matérielle et l'aspiration vers le Ciel (jour de Force donc pour un vendredi Saint !) ; et la veille de la Saint-Gabriel (archange de l'Annonciation) ; l'avant-veille de la fête de la Fécondation de la Vierge Marie (fête de l'Annonciation).
        Ce fut chez nous une journée de lumière, entachée seulement par le froid et l'annonce d'une proche perturbation qui ne nous toucha que le soir ; puis le lundi fut, malgré les prévisions de météo France, plongé dans les ténèbres de plus en plus profondes : rare en cette fête de la résurrection.

        Mais quelle résurrection ? Voici un mot qui ne nous parle plus dans son sens vrai. Oui, bien sûr on se dit : "ce qui était mort redevient vivant". Et on n'y croit pas, sauf pour la nature : eh oui, les arbres dépouillés bourgeonnent à nouveau... mais pour le reste ?

        Non, ce n'est pas "ressusciter" qu'il faut dire. Il faudrait revenir à l'ancienne formule, celle qu'illustra Moïse à la sortie d'Egypte : c'est traverser, trouver l'issue, dépasser une épreuve. Tout ce noir ambiant, toute cette agressivité de neige et de grêle que nous avons affrontée, elle représente les désordres qui sont en nous, et sous lesquels nous nous laissons peu à peu engloutir.
        Le monde nous semble de plus en plus hostile, nous nous battons. Et nous avons oublié la grande force de lumière, celle qu'on appelle de tous ces beaux noms d'amour, de courage, d'espérance, de volonté, de foi en la vie, celle qui d'un coup peut faire de nous d'autres êtres, plus vivants, plus joyeux, plus vigoureux.

        Quand nous plongeons en nous et nous abandonnons à l'immense ciel bleu qui dort au fond de notre coeur, nous y rencontrons la lumière, et d'autres forces alors nous sont données. Nous respirons plus amplement, l'espoir renaît, et une voix nous dit :
    "Non ! Ce n'est pas fini ! Non ! La vie est Belle ! Non, la Terre est puissante et forte !" Et nous repartons pour de nouvelles batailles.

        Pâques est l'image de cette transformation. On y bénit le feu nouveau. On y bénit l'eau baptismale. Elle matérialise notre aptitude à choisir entre le bien et le mal, c'est à dire à donner sens à ce qui n'est que terre, à habiter ce qui est mort pour en faire du vivant, à respirer dans les choses. Un sacrement. j'ai toujours été fascinée par la présence dans la religion chrétienne, un peu dans la catholique, encore plus dans l'orthodoxe, de "sacrements".

        Je crois que le "sacrement" - reprise au quotidien de l'ancien mot "initiation" - est le fondement même d'une "religion" (en son sens de reliance), et l'élément le plus nécessaire à notre vie. Il est la rencontre entre un souffle de vie descendu d'ailleurs, et notre matière morte par sa propre nature.

        L'Esprit (Spiritus) est ce qui respire... Lorsque nous respirons, l'Esprit est en nous. Plus nous respirons grand, et plus l'esprit en nous est fort, et plus la Vie se dilate, et plus l'espoir se développe, et plus l'Amour grandit.

        Parfois l'on parle de Dieu mais cela n'a rien à voir avec les dieux païens.

        Cependant on ressent ce qu'il signifie, lorsque Messiaen fait dire à l'Ange, dans Saint-François d'Assise :
     
    "Ton Cœur t'accuse ; mais Dieu est plus grand que ton Cœur !"

        Et lorsque Claudel fait dire à Jeanne, brûlant sur le bûcher :

    "Il y a la Joie, qui est la plus forte ;
    Il y a l'Amour, qui est le plus fort ;
    Il y a Dieu, qui est le plus fort !"


    « Elle est retrouvée. - Quoi ? - L'éternité !
    C'est la
    Terre
    allée
    Avec le Soleil... »

    (Panorama de Fontainebleau vu depuis la Croix du Calvaire, et interprétation libre
    d'un poème d'Arthur Rimbaud qui dit : « C'est la
    mer... »)
     
     
     

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            L'horizon s'assombrit...
    Un mail circule avec ce texte, tiré de La République, l'oeuvre majeure de Platon (Livre VIII) :


          « Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus au-dessus d'eux l'autorité de rien ni de personne, alors c'est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. »

     

    Image tirée du site

     

         Si le philosophe écrivait déjà cela  vers 370 av. J.C., ce n'est pas par une prescience extraordinaire des temps modernes, mais par l'observation des choses déjà présentes en son temps ; et comme tout se reproduit cycliquement à l'identique, selon des lois certaines inhérentes à la nature de l'humain, incapables que nous sommes de tirer les leçons de l'histoire, nous rencontrons aujourd'hui la même situation.

         Je suis bien placée pour remarquer que dans les écoles, non seulement la plupart des jeunes ne respectent plus rien et n'acceptent même plus de se mettre à travailler ou même à lire, mais qu'encore dans les pires cas, les parents eux-mêmes prennent le parti de leurs enfants et vont jusqu'à insulter les professeurs ! Au mieux, on trouve des parents dépassés qui se laissent mener par le bout du nez par de vrais petits démons... Et à qui la faute ?!

          J'en vois deux :

          - Les films ou dessins animés à la gloire des enfants-héros, qui donnent constamment raison à ceux-ci contre leurs parents (voire : font passer les parents pour des idiots !!).

         - La société de consommation qui cible les jeunes comme consommateurs de choix et oblige les parents, grâce à des fêtes imposées de plus en plus nombreuses (Halloween, Noël, Pâques, Mardi gras...) à les gâter plus que de raison.

         En fait, tout est toujours une question d'argent, à la base.

        Et nous allons mourir de cela, si on ne réagit pas (n'est-ce pas la Bête à dix cornes de l'Apocalypse ?), pour basculer... dans la Planète des Singes, tiens, pardi.

     

         Voyez plutôt :


    (si vous ne pouvez lire le diaporama, téléchargez-le, puis éventuellement cliquez ici et téléchargez la visionneuse)

     

     

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    grenouille 195                                                      grenouille 321


        Avez-vous remarqué ce mot qui hante les phrases des interviewés de la télévision ?
        Pas chez les politiques, dieu merci : ils ont appris l'art oratoire et s'expriment avec science, sans oublier la loi de la triple affirmation, triple qualification, triple sollicitation.
       Mais chez les autres, particulièrement dans le monde du spectacle... Ils n'hésitent plus comme autrefois, avec des "heu..." des "hem...", non. Mais en l'absence de texte à réciter, savent-ils s'exprimer ?
         En voici un aperçu :

          « - Chère X..., comment êtes-vous venue au théâtre ? Est-ce un besoin inné, une idée subite ?
          - Eh bien ... voilà , j'ai toujours aimé le théâtre, bien sûr ; alors quand on me l'a proposé ... Voilà... !
        - Mais ce n'est pas la même chose que le cinéma ! Il faut une bonne mémoire du texte !
        - Oh, mais vous savez, j'aime ça alors... voilà... ! Bien sûr il faut être très près de son texte, mais quand on aime... voilà... !

       - Et vous, Unetelle, devenir réalisatrice, c'était un projet de longue date ? C'est important de pouvoir écrire soi-même un scénario ?
       - Oh, vous savez, j'ai toujours aimé écrire, alors  euh... voilà... !
       - Ce n'est pas difficile de diriger une troupe, d'organiser le tournage ?
       - Eh bien j'ai toujours été dans le cinéma, alors tôt ou tard... voilà... ! Quand on est tombé tout petit dans la marmite
    du tournage... voilà... !  »

       Eh oui,  chers amis, vous avez trouvé le « mot de passe » !
      Enfin, j'avoue que la critique est aisée, et que l'art est difficile ; moi-même j'ai été un jour interviewée et j'étais affreusement gênée, je me suis trouvée ridicule au visionnement. J'ai proféré un certain nombre de "heu..." et de "hem...".
       Mais cette habitude du "Voilà" a le don de m'énerver !
       Qu'en dites-vous ? Est-ce encore un effet de mode ?

    grenouille 334        
     
     
     

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    Lumiere.jpg

     

    Une étoile est tombée sur la Terre vierge des origines...

    Une étoile riche de toute la lumière du Ciel l'a pénétrée et fécondée.

    C'est l'Esprit divin qui, d'extérieur à elle, lui est devenu intérieur.

    Réjouissons-nous !

    Car cette immense Force Spirituelle que nous appelions "Dieu"

    Est maintenant parmi nous, en nous ;

    Habite cette Terre et peu à peu va l'éclairer,

    PAR NOUS.

     
      

    Joyeux-Noel2.jpg

     

     

     

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